Le 10 novembre est la journée mondiale de la Science au service de la Paix et du Développement. Elle a été décidée par la Conférence Générale de l’UNESCO lors de sa 31e session (en 2001). Il s’agit « de sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la science et de combler le fossé entre la science et la société ».
Cela me rappelle une citation que nous avons placée sur la page d’accueil du site Internet de la Semaine de la Science et des Technologies que je vous invite à visiter en cliquant sur ce lien www.semainedelasciencerdc.org. Il s’agit d’un extrait du dernier livre de Jean-Marc Éla (1936-2008), un anthropologue, sociologue et théologien camerounais, « L’Afrique à l’ère du savoir : science, société et pouvoir » aux éditions L’Harmattan, 2006 (je vous le conseille vivement). Il dit ceci : « Instituer une Semaine africaine de la Science dans chaque pays du continent permettrait d’accélérer le processus de formation des créateurs et des utilisateurs de la science. (…) Désenclaver la science, c’est lui permettre de se mettre en culture dans les lieux de la vie quotidienne pour que tout acteur social participe à la production des connaissances. »
Arrêtez-vous un moment et prenez le temps de lire des auteurs comme Yuval Noah Harari, Isabelle Stengers, François Taddei ou Idriss Aberkane pour ne citer que ceux-là. Leur message est clair. Le XXIe siècle est le siècle de la Connaissance. Mais il ne s’agit plus de connaissances réservées, contrôlées et dominées par des élites bien pensantes réfugiées dans leurs institutions et usant uniquement de ces langues dites "internationales". Ça, c’est la mort de la science !
En République Démocratique du Congo, en Afrique et ailleurs, il faut, comme le dit Idriss Aberkane : « décentraliser la connaissance, encourager les universités populaires, les lieux de transmission sans aucun diplôme, la vulgarisation et surtout la création de savoirs par le peuple », je dirai, par les peuples. Aujourd’hui, la production et le partage de la connaissance doivent s’envisager de manière disruptive à la manière de ces Airbnb, Uber, cryptomonnaie et autres.
Il s'agit de bâtir dès à présent une économie basée sur la paix et la connaissance à laquelle chacun participe. Il s'agit de mobiliser dès à présent notre intelligence collective. Pour l'Afrique, cela veut dire beaucoup...
Voilà le sens que je donne à ce 10 novembre 2019, à cette journée mondiale de la Science au service de la Paix et du Développement. Et c’est dans cet esprit que nous préparons la 7e édition de la Semaine de la Science et des Technologies qui se tiendra du 18 au 22 avril 2020.
Notamment, nous préparons des activités, animations scientifiques, avec les enfants de rue de la ville de Kinshasa, communément appelé « shégué », pour désenclaver la science et les connaissances, les décentraliser, nous ouvrir et dialoguer avec ceux-là que nous avons pris l’habitude de ne pas voir, de ne pas entendre et de ne pas considérer. Ne ratez surtout pas cette occasion. Venez nous rejoindre à Kinshasa en avril 2020. Science is fun, join us !
Hasard du calendrier, le 10 novembre 2019 est aussi la fête de Saint Léon. Ce qui me donne l’occasion de parler du père jésuite belge Léon de Saint Moulin décédé à Kinshasa le 24 octobre dernier. Si vous êtes kinois, vous me comprendrez.
Docteur en histoire et licencié en philosophie et en théologie, le père Léon de Saint Moulin connaissait probablement Kinshasa et la République Démocratique du Congo mieux qui quiconque dans son domaine. J’avais toujours rêvé le rencontrer pour qu’il me raconte cette ville et que je puisse la voir au travers de ses yeux. Eh ben, figurez-vous qu’il est venu visiter le Village des Sciences de la 6e édition de la Semaine de la Science et des Technologies en avril dernier. Quel honneur !
Pour vous donner une idée de cette illustre personnalité, je me permets, avec beaucoup d’émotion, de vous partager les mots qu’il m’avait adressés lorsque nous préparions cette 6e édition.
« Chère Madame,
Vous avez sans doute déjà entendu mon nom, le Père jésuite Léon de Saint Moulin. J'ai été Vice-Recteur de l'Unaza chargé du campus de Kinshasa en 1979-1981, après 1 an à Lovanium et 8 ans à Lubumbashi, avant d'être engagé à l'Université Catholique du Congo, au départ, simple Faculté de Théologie Catholique de Kinshasa.
Je vous salue et vous souhaite plein succès dans la 6e Semaine de la science et de la technologie. J'ai eu l'honneur de connaître votre Papa et de participer avec lui à plusieurs manifestations scientifiques.
L'Académie Royale des Sciences d'Outremer me demande s'il est possible de la représenter à cette semaine, dont j'ai lu avec intérêt les synthèses suite à cette invitation. Je vois que c'est toujours à la mi-avril qu'elles ont été organisées, mais cette date n'a jamais jusqu'à présent été sujette à problème. Avez-vous réalisé que cette année les dates retenues, du 17 au 20 avril, sont les trois jours du jeudi-saint, du vendredi-saint et du samedi-saint qui, à Kinshasa en tout cas, mobilisent beaucoup de monde ? Il m'est vraiment impossible d'assurer une présence à ces journées en toute disponibilité.
L'aviez-vous remarqué ? Souhaitez-vous que j'assure un minimum de présence, bien facile, puisque je réside à la Maison St Ignace, en face du Lycée du Sacré-Coeur à Gombe ?
Merci pour votre attention. Soyez assuré de mon souvenir merveilleux de votre Papa et de mes souhaits les meilleurs pour le succès de votre projet.
Léon de Saint Moulin s.j. »
Heureusement, nous avions déplacé les dates de l’évènement qui s’est tenu du 20 au 25 avril 2019 et le père Léon de Saint Moulin est venu visiter le Village des Sciences installé à l’Institut de la Gombe, non loin de son lieu de résidence. Je le vois encore au stand... Malheureusement, je n’ai pas eu l’occasion de discuter longuement avec lui. J’étais prise par les stress de l’organisation (soupir). Je le regrette, mais, ainsi va la vie !
Je voudrais, à mon niveau, remercier ici sincèrement le père Léon de Saint Moulin pour tout ce qu’il a fait pour notre pays. Que son âme repose en paix !